Orthodontie précoce 

L’orthodontie précoce regroupe les traitements mis en œuvre chez les jeunes enfants afin de corriger ou prévenir les anomalies de position dentaire, de croissance des mâchoires et de fonctionnement des structures bucco-faciales. Loin d’être réservée aux cas lourds, cette approche s’appuie sur la plasticité du jeune patient pour influencer positivement l’équilibre oro-facial. Elle s’inscrit dans une démarche éducative, fonctionnelle et préventive, souvent associée à l’orthodontie fonctionnelle.

Elle intervient à un âge clé, où la croissance est encore malléable, et où certaines fonctions peuvent être rééduquées avant que les déséquilibres ne s’installent durablement. Appuyée sur un diagnostic global, cette discipline permet d’intervenir en douceur, parfois avant même l’apparition des dents définitives.

Les fondements de l’orthodontie précoce

Une discipline centrée sur la croissance

Contrairement à l’orthodontie de l’adolescent, souvent axée sur l’alignement dentaire, l’orthodontie précoce cible la croissance osseuse et les fonctions orales. Elle repose sur la compréhension fine du développement cranio-facial de l’enfant et cherche à intervenir avant que les malpositions ne se figent.

L’objectif n’est pas uniquement esthétique. Il s’agit avant tout de restaurer un équilibre fonctionnel : respiration nasale, mastication efficace, déglutition physiologique, posture linguale correcte.

Quand parle-t-on de traitement précoce ?

Le terme « précoce » fait généralement référence à une prise en charge avant l’éruption complète des dents permanentes, soit entre 4 et 9 ans. À cette période, les dents temporaires sont encore présentes, mais des signes de déséquilibre peuvent déjà être observés.

Un traitement initié à ce stade est dit « interceptif » : il vise à empêcher qu’un trouble fonctionnel n’évolue vers une malocclusion ou une déformation osseuse.

Pourquoi traiter tôt ? Les enjeux de l’orthodontie précoce

1. Corriger les fonctions orales perturbées

Un très grand nombre de déséquilibres dento-faciaux trouvent leur origine dans des troubles fonctionnels :

  • respiration par la bouche,
  • interposition de la langue,
  • succion du pouce ou d’une tétine,
  • déglutition infantile persistante,
  • parole altérée ou articulation difficile.

Ces habitudes interfèrent avec la croissance des arcades dentaires, modifient les rapports maxillo-mandibulaires et génèrent souvent des décalages visibles (mâchoire en retrait, dents qui avancent, palais étroit…).

2. Utiliser la croissance à son avantage

La croissance osseuse rapide de l’enfant est un levier thérapeutique puissant. Elle permet de guider le développement du crâne et des mâchoires de manière plus efficace qu’à l’adolescence. À ce stade, certaines corrections sont plus simples, plus stables et moins invasives.

3. Réduire la durée et la complexité des traitements futurs

Agir tôt permet souvent de :

  • raccourcir les traitements ultérieurs,
  • éviter l’extraction de dents permanentes,
  • diminuer le recours à la chirurgie orthognathique,
  • éviter les appareils multi-attaches fixes.

Ainsi, même si une phase d’orthodontie à l’adolescence reste parfois nécessaire, elle sera généralement plus légère et plus rapide.

Signes qui doivent alerter les parents

Il existe plusieurs signaux précoces que les parents ou l’entourage peuvent repérer :

  • Difficulté à mastiquer ou à couper les aliments,
  • Respiration buccale permanente, ronflements nocturnes,
  • Problèmes de prononciation persistants,
  • Dents trop espacées ou très serrées dès la dentition lactéale,
  • Asymétrie faciale visible,
  • Béances dentaires (lorsque les dents ne se touchent pas en occlusion),
  • Succion prolongée du pouce ou d’une tétine après 4 ans,
  • Mâchoire qui craque, douleurs articulaires.

La détection de ces signes doit inciter à consulter un praticien pour un premier bilan orthodontique.

Le rôle central du premier bilan orthodontique

Quand effectuer le premier contrôle ?

Il est recommandé de consulter un orthodontiste vers 6 ans, âge auquel les premières molaires permanentes font leur apparition. Toutefois, en présence de signes visibles ou de troubles fonctionnels importants, une consultation peut être justifiée dès l’âge de 4 ans.

Ce que comprend le bilan

  • Examen clinique : observation de la posture, de la respiration, du visage et des fonctions orales.
  • Analyse des fonctions : déglutition, phonation, mastication, posture linguale.
  • Photographies, radiographies et empreintes numériques : évaluation fine des structures dentaires et osseuses.
  • Questionnaire parental : habitudes, sommeil, alimentation, comportements.

À l’issue du bilan, le praticien détermine si une prise en charge immédiate est nécessaire ou si une surveillance est suffisante.

Le déroulement d’un traitement d’orthodontie précoce

Phase 1 : Diagnostic global

Cette première phase vise à comprendre l’ensemble du contexte de l’enfant : anatomique, fonctionnel et postural. Elle mobilise parfois plusieurs professionnels : orthodontiste, ORL, orthophoniste, posturologue.

Phase 2 : Mise en place du traitement

Une fois les objectifs définis, un appareil est proposé. Il peut s’agir :

  • d’un appareil fonctionnel amovible,
  • d’un disjoncteur,
  • d’une plaque palatine,
  • d’un activateur mandibulaire,
  • d’une gouttière multi-fonctionnelle.

Certains dispositifs doivent être portés la nuit uniquement ; d’autres quelques heures par jour, selon les besoins.

Phase 3 : Rééducation fonctionnelle

Le traitement est souvent associé à des séances de rééducation :

  • Orthophonie : pour corriger la position de la langue, améliorer la respiration nasale, restaurer une déglutition physiologique.
  • Ostéopathie ou kinésithérapie : pour corriger la posture globale, surtout en cas de déséquilibre crânio-cervical.
  • Suivi ORL : en cas d’obstruction nasale chronique ou de végétations.

L’orthodontie fonctionnelle au cœur de la prise en charge

Une philosophie différente

L’orthodontie fonctionnelle ne vise pas à déplacer uniquement les dents, mais à restaurer les fonctions qui influencent leur position. Elle repose sur l’idée que les malpositions sont souvent la conséquence d’un dysfonctionnement des fonctions de base.

En agissant sur ces fonctions (respiration, déglutition, posture), on améliore le cadre osseux de manière stable et naturelle.

Appareils utilisés en orthodontie fonctionnelle

1. Activateurs

Dispositifs bimaxillaires qui favorisent l’avancée de la mandibule. Ils sont utilisés en cas de mâchoire inférieure reculée (rétrognathie).

2. Plaques palatines

Souvent utilisées pour corriger l’interposition linguale et élargir les arcades.

3. Disjoncteurs

Appareils fixes permettant d’élargir transversalement le palais en cas d’arcade étroite. Ils facilitent la respiration nasale et améliorent l’occlusion.

4. Gouttières fonctionnelles

Souples et confortables, elles combinent plusieurs actions : positionnement lingual, respiration, correction posturale.

Quelle est la durée d’un traitement précoce ?

Un traitement interceptif dure généralement entre 6 et 18 mois. Il est suivi d’une période de stabilisation ou de surveillance jusqu’à l’adolescence.

Dans certains cas, une seconde phase est nécessaire à l’adolescence pour finaliser l’alignement dentaire. Toutefois, la phase 2 est souvent plus simple et plus courte grâce au travail effectué en amont.

Orthodontie précoce : une prise en charge multidisciplinaire

Collaboration avec d’autres professionnels

Un traitement efficace repose souvent sur une coordination avec :

  • L’orthophoniste : pour la déglutition, le langage, la position de la langue.
  • Le kinésithérapeute ou l’ostéopathe : en cas de troubles posturaux ou de compensations musculaires.
  • L’ORL : pour traiter les causes d’obstruction nasale chronique.
  • Le pédiatre : pour la coordination globale et la surveillance.

Ce travail d’équipe permet de créer des conditions favorables à une croissance harmonieuse.

Orthodontie précoce et bien-être psychologique

L’impact d’un traitement orthodontique sur la confiance en soi est parfois sous-estimé. Une mâchoire mal développée, des dents très visibles ou un langage altéré peuvent générer des complexes dès l’enfance. Une prise en charge adaptée permet de :

  • favoriser l’intégration sociale,
  • améliorer la communication,
  • réduire l’auto-censure liée à l’apparence.

Foire aux questions

Mon enfant n’a encore que des dents de lait, est-ce utile ?

Oui. L’orthodontie précoce vise souvent à corriger la cause du problème avant même l’éruption des dents définitives.

Les traitements sont-ils contraignants ?

Les appareils utilisés sont conçus pour être bien tolérés. La plupart sont amovibles et portés la nuit. La collaboration de l’enfant est cependant essentielle.

Mon enfant a déjà vu un ORL, cela suffit-il ?

Un bilan ORL est utile mais ne remplace pas un diagnostic orthodontique. Les deux approches sont complémentaires.

Le traitement est-il remboursé ?

Certains traitements précoces peuvent bénéficier d’un remboursement partiel de l’Assurance Maladie ou d’une prise en charge par la mutuelle, notamment après validation d’un devis orthodontique.

Agir tôt permet de favoriser une croissance harmonieuse, de rétablir les fonctions orales essentielles et d’éviter des traitements lourds à l’adolescence. Grâce à une approche centrée sur la rééducation fonctionnelle, l’orthodontie mise en œuvre pendant l’enfance devient un outil puissant pour prévenir les déséquilibres durables. Le Cabinet dentaire Mermoz, à Ollioules, propose ce type de prise en charge globale et bienveillante, en intégrant les dernières avancées en matière d’orthodontie fonctionnelle pour accompagner le développement des jeunes patients.

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